RETOUR SUR UNE SEMAINE D’ANTHOLOGIE EN MANCHE

Communiqué de presse n° 9 – 3 juin 2025

L’arrivée de JANGADA RACING ( n°152) de Richard Palmer et Rupert Holmes à Ouistreham à 00.21 dans la nuit de samedi à dimanche dernier a marqué la fin de cette 16ème édition de la CIC NORMANDY CHANNEL RACE. Une 16ème place et un podium sur le classement des « pointus » pour cet équipage , dernier « finisher » des 32 partants. Pour évoquer cette semaine il faut mobiliser tous les ressorts de la langue française: semaine d’anthologie, épique, année de tous les records…

Dés le départ dimanche 25 mai le tempo avait été donné avec la collision 2′ avant le départ des deux concurrents VSF SPORTS et WASABIII , provoquant le dématage du second ( collision jugée en fin de semaine aux torts du 1er ). Les 32 concurrents présents sur la ligne de départ représentaient non seulement un record pour l’épreuve mais également le nombre le plus important d’un évenement unique Class40 depuis la création de celle-ci il y a 20 ans.

En 15 éditions l’épreuve n’avait jamais connu de collision, de démâtage, de demande d’assistance extérieure: la loi des séries faisant son office on verra dans la suite de la semaine que cette année 2025 allait connaitre un ou deux épisodes de ces registres d’accidentologie.

La nuit suivante le départ fut l’occasion d’une chevauchée sauvage des Class40 qui traversaient la Manche en 3 heures entre Barfleur et l’île de Wight, embouquaient le Solent dans la foulée, avant pour la plupart de retraverser la Manche comme les routages leur recommandaient pour atteindre la marque suivante à Wolf Rock. Image un peu surréaliste de voir le groupe de tête aux environs du Raz Blanchard le lundi matin moins de 24 heures aprés le départ de Caen / Ouistreham. Dés lors l’épreuve s’emballait et la montée au prés dans 20 à 25 noeuds dans une mer dure provoquait les premiers abandons techniques, le matériel comme les hommes étant particulièrement sollicités.

C’est ESPRIT LARGE ( n°209) de Corentin Douguet et Axel Tréhin qui passait en tête la marque de Wolf Rock à 05.11 le mardi 27 mai. Cette nuit fut marquée par le dématage d’AMARRIS d’Achille Nebout et Gildas Mahé ( Class40 n°182) aprés la rupture de l’étai de la voile d’avant J1.Wolf Rock était aussi synonyme d’un changement de parcours puisque la direction de course envoyait les compétiteurs non pas au Nord dans la dépression vers la mer Celtique et le phare de Tuskar mais au Sud vers la pointe bretonne et une cardinale à virer à l’extrémité de la chaussée de sein, puis vers le Fastnet ; une décision qui avait donc pour objet de protéger la flotte d’une dépression forte déjà en cours et qui fermait la porte vers l’Irlande. Les Class40 redescendaient à nouveau dans une folle chevauchée avec des vitesses de 18 à 20 noeuds vers la cardinale ouest Chaussée de Sein ; marque atteinte  7 heures 30 aprés le premier passage à Wolf Rock toujours par ESPRIT LARGE le mardi 27 mai à 12.49. Plusieurs nouveaux abandons étaient à regretter dans cette journée tant du côté de ceux qui descendaient vers le sud que du côté de ceux qui avaient encore à passer la marque de Wolf Rock. Devant ces difficultés croissantes la direction de course opérait un second changement de parcours conduisant les Class40 à faire route directe vers Caen aprés avoir passé le Fastnet.

Mais la nuit de mardi à mercredi allait être marquée par un événement dramatique quand vers 02.00 du matin NST CABINET Z (n°191) de Thomas Jourdren et Cédric de Kervenaoël était heurté par un porte- containers de grande taille au sud -ouest du DST de Ouessant en violation des régles de navigation. Un drame évité de peu pour un équipage qui une fois le choc passé a su parfaitement adopter les bonnes techniques enseignées en particulier dans le briefing sécurité qui avait été tenu avant le départ à Caen ; la présence régulière dans ces briefings d’intervenants des flotilles de l’aéronavale ou des douanes permet de transmettre une expérience précisieuse dans les moments critiques ; qu’ils en soient remerciés ainsi que tous ceux qui ont concourru au sauvetage, Cross Corsen, Aéronavale et flotille 32F,Préfecture Maritime de l’Atlantique et l’équipage concurrent qui était sur la zone de Pamela Lee et Jay Thompson sur le n°178 #EMPHOWER et a apporté une aide déterminante.

Une fois rassurés sur le sort des skippers naufragés la course a repris dans tous les esprits et ESPRIT LARGE passait à nouveau en tête la marque du phare du Fastnet le mercredi 28 mai à 10.58; mais cette fois-ci challengé de prés par plusieurs concurrents qui lui avaient fait perdre la plus grande partie de son avance réduite à 5 milles. Et ce fut un long sprint pour la descente du Fastnet vers Caen dans des conditions plus clémentes de 15 à 20 noeuds de vent mais avec un stress encore accru avec la remontée des poursuivants et l’arrivée dans des zones à risques avec beaucoup de courant et des calmes attendus dans la soirée de jeudi.

ESPRIT LARGE passait finalement la ligne d’arrivée à Ouistreham le jeudi 29 mai à 18.23 soit à peine plus de 31 heures aprés avoir viré le Fastnet; avec un total de 1187 milles parcourus sur le fond à la vitesse moyenne de 11,83 noeuds; une vitesse impressionnante qui illustre l’évolution des Class40 en tête de flotte, toujours plus rapides, toujours plus puissants, et nécessitant une préparation technique de plus en plus poussée pour ne pas casser avec des équipages qui ne veulent jamais rien lacher dans cette épreuve; car si les conditions de vent et surtout de mer ont été dures elles n’ont pas extrêmes avec un vent moyen jusqu’au Fastnet de l’ordre de 20 à 25 noeuds.

SOGESTRAN- SEAFRIGO ( n°197) de Guillaume Pirouelle et Cédric Chateau et LEGALLAIS ( n°199) de Fabien Delahaye et Pierre Leboucher complétaient le podium dans le classement général tandis qu’au classement des pointus Djemila Tassin et Simon Koster sur BELGIUM OCEAN RACING (n°153) remportait la course pour la première épreuve de la jeune skippeuse belge. Mais la course ayant décidé de mettre les nerfs à vif de tous jusqu’au bout il aura fallu prés de 3 jours et 3 nuits pour récuperer l’ensemble des compétiteurs dans un vent quasi nul et dans les courants de la Baie de Seine.

Cette 16ème édition de la CIC NORMANDY CHANNEL RACE restera dans les mémoires même si l’épreuve a toujours été depuis sa création très exigeante; le chiffre de 50% d’abandon est certes marquant mais il n’est pas en soi une anomalie, d’autres éditions ayant eu aussi des taux d’abandon élevés ( 45% en 2013 et 2020). A noter aussi que des équipages en avarie technique ont pu reprendre la mer comme BLEU BLANC PLANÈTE LOCATION de Quentin Le Nabour et Thierry Chabagny ( n°205 ) aprés un arrêt à Roscoff. Les conditions de cette année ont poussé chacun dans ses retranchements que ce soit les skippers en mer ou l’organisation à terre avec en particulier la directrice de course Miranda Merron qui vivait sa première expérience de direction de course d’un événement de cette taille ; un événement qui a toujours été maitrisé en dépit des difficultés.L’intérêt du public et des médias a suivi en tout cas la pente ascendante des vitesses et des évenements de la semaine avec un double direct départ d’une heure de la chaine L’EQUIPE et de FRANCE 3 NORMANDIE, 21 sujets quotidiens sur 12 jours entre les 2 chaines, de multiples sollicitions de la presse, et près d’un million et demi de vues sur le site internet et les réseaux sociaux en quelques jours.

La CIC NORMANDY CHANNEL RACE va continuer à écrire son histoire dans les années à venir avec ses skippers toujours fidèles à l’épreuve, ses belles équipes, ses partenaires du CIC ou des collectivités normandes. Mais elle n’est pas près d’oublier cette année 2025.

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