Au petit matin, une grande partie des Class40 de cette 15ème CIC Normandy Channel Race en a fini avec la traversée de la Manche et son fort trafic maritime. Les marins ont navigué vers l’Angleterre toute la nuit à une allure avoisinant les 10 nœuds pour apercevoir au lever du jour les côtes anglaises. En tête de flotte, les premiers concurrents ont buté contre le courant à l’approche de l’île de Wight, ce qui a eu pour effet immédiat de réduire l’écart entre les leaders. Pour ouvrir le passage dans le Solent et trouver le bon chemin à travers la brume et les bancs de sable mouvants, qui d’autres que des normands pour endosser le rôle de conquérants… Le duo Guillaume Pirouelle / Cédric Château n’a pas lâché les commandes depuis Ouistreham et est le premier à pouvoir saluer le mythique port de Cowes, la Mecque de la voile britannique. Derrière, une autre unité normande talonne les leaders. Il s’agit de Legallais, skippé par Fabien Delahaye et Benjamin Schwartz. Le tandem compte bien ne pas laisser s’envoler leurs compatriotes normands à l’assaut des côtes sud-anglaises. Pour se faire, devant combiner avec un vent faible, une navigation en rase-cailloux va surement être privilégiée afin de s’éloigner des bas-fonds, plus sensibles aux forts courants. Stratégie utilisée en attendant la renverse de courant. Un courant qui va alors devenir favorable aux leaders, accentuant ainsi l’écart avec la queue de flotte.
Une queue de peloton toujours en Manche, qui doit maintenant composer avec un vent qui a pris de la droite, pivotant de nord/nord-ouest à nord/nord-est, obligeant les marins à tirer des bords quand la majeure partie des concurrents a pu évoluer en trajectoire directe. La conséquence immédiate est un allongement de la flotte qui s’étale maintenant sur quasiment 50 milles nautiques. Les retardataires doivent appréhender une arrivée tardive dans le Solent qui obligerait à traverser ce tronçon avec le courant contre, accroissant alors encore d’avantage l’écart avec la tête de course.
Pour la suite de la journée, les marins vont d’ores et déjà devoir statuer sur des choix stratégiques. Aller chercher un vent de nord-est plus fort en milieux de Manche ou longer les côtes pour tenter de capter les brises thermiques tout en s’abritant le plus possible du courant. Tel sera le dilemme pour les heures de navigation à venir…
Photo © Paul Peggs
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