FAITES VOS JEUX !

Une bonne partie de la flotte de la 13ème édition de la CIC Normandy Channel Race a maintenant dépassé la marque de parcours de Guernesey. Au moment de traverser les îles anglo-normandes, seulement trois petits milles séparaient les quatre leaders. Si le trio de tête, Crédit Mutuel, Inter Invest et Quéguiner-Innoveo sont passés dans le chenal du Grand Russel (entre les îles d’Herm et Serk), profitant ainsi du courant encore favorable, Project Rescue Ocean, anticipant un contournement du Cap de la Hague à contre-courant, a lui emprunté le chenal du Petit Russel (entre Guernesey et Herm) afin de tenter une option stratégique au large du Cotentin. Effectivement, Axel Tréhin et son co-skipper Frédéric Denis ont misé sur le fait que le trio leader butterait dans le courant de la pointe Ouest du Cotentin, réputé parmi les plus forts d’Europe (6 nœuds à mi-marée). Un « all-in » plein d’audace qui peut s’avérer payant… ou au contraire compromettre toutes chances de victoire finale.

Afin d’être le moins impactés par le courant au cap de la Hague, les skippers embarqués sur Crédit Mutuel, Inter Invest et Quéguiner-Innoveo s’emploient à se rapprocher au maximum de la côte. À tel point que le CROSS Jobourg, tellement surpris de voir passer des voiliers de course au large où habituellement seuls les pêcheurs locaux s’aventurent, a prévenu la direction de course de la proximité des bateaux avec les cailloux. Dans les prochaines heures, le trio de tête va continuer de longer les côtes par la rade de Cherbourg jusqu’à la renverse de courant prévue à 20h à Barfleur, avant de plonger vers le sud-est vers Ouistreham, pour les cinquante derniers milles dans un vent prévu très faible, qui maintiendra le public en haleine pour savoir qui sera couronné vainqueur de cette CIC Normandy Channel Race 2022 au scénario toujours plus incertain.

Les poursuivants, étalés entre Paimpol et Guernesey, naviguent toujours à vue dans des petits airs, enchainant les manœuvres à bord, comme en témoigne Pierre Casenave-Péré depuis le Class40 Legallais : « Quand j’ai dit qu’on avait les crocs avant la course, je n’avais pas prévu de littéralement dessiner avec notre trace des dents acérées… 28 empannages depuis le passage de Portsall, on est plutôt bien rodé maintenant avec Fabien ». De quoi mettre les nerfs des concurrents, déjà bien fatigué par quatre jours de navigation intenses, à rude épreuve dans ce dernier sprint final.

Même s’il est toujours difficile de s’avancer sur un ETA (estimated time of arrival) précis avant le passage de Barfleur, les dernières estimations communiquées par le météorologue et la direction de course donnent une arrivée du premier concurrent sur la ligne mouillée quelques milles face à Ouistreham en milieu de nuit, vers 2-3h du matin.

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