L’heure des choix stratégiques ne s’est pas fait attendre sur cette édition 2024 de la CIC Normandy Channel Race. À peine sortis du Solent, les équipages ont dû choisir entre trois options qui se présentaient en bout d’étrave pour rallier au plus vite la pointe sud-ouest de la Cornouaille anglaise. Option 1 : longer la côte et ainsi opter pour une route plus directe mais peu ventée, tout en subissant moins les effets du courant et des renverses. Tactique adoptée par Viranga, Gambit et les « nez pointus » qui misent également sur l’effet des brises thermiques. Option 2 : aller chercher un flux de nord-est en milieu de Manche d’une douzaine de nœuds mais qui nécessite de contourner le DST des Casquets par le sud. Un scénario inédit sur cette classique normande. Détour risqué mais qui peut s’avérer terriblement efficace tant les Class40 typés scow sont performants dans les allures portantes et de travers. C’est le choix effectué pas Sogestran – Seafrigo, qui pour l’instant réalise un sans-faute sur cette entame de course. Guillaume Pirouelle et Cédric Château sont imités par une bonne partie de la flotte. Onze équipages naviguent aux trousses du duo havrais. Enfin, une troisième et dernière option intermédiaire se présente. Longer ce même DST des Casquets par le nord et ainsi toucher une brise de 8-10 nœuds de secteur nord-est sans s’éloigner trop de l’orthodromie. C’est l’option choisie par Pierre-Louis Attwell et Maxime Bensa, pour l’heure leader de la flotte des Class40.
À la sortie du Solent, le skipper de Project Rescue Ocean, Axel Tréhin, résume parfaitement la situation lorsqu’il a été joint à la vacation radio du jour : « On change d’échelle. Le terrain de jeu est beaucoup plus grand. Les paris possibles et les erreurs à éviter sont multipliées. On fait partie d’un petit groupe de 6-7 bateaux qui ont fait le choix de partir vers le sud. L’interprétation de tout le monde est qu’il y aura moins de vent à la côte. Est-ce que la route qu’on parcours maintenant sera récompensée ? Réponse dans 18-24h. ». Pour l’heure, personne ne peut s’avancer quant à l’issue des trois options. Et, lorsque l’on regarde l’historique de l’épreuve, nous ne sommes pas à l’abri d’un regroupement général à Land’s End, sans qu’aucun protagoniste n’ait réellement tiré avantage de son option.
En déficit de vitesse depuis le départ, Jangada 40 ferme la marche. À l’approche de l’entrée du Solent, il voit la malchance s’acharner contre lui et les éléments jouer en sa défaveur. Le vent et le courant ne font que lui fermer les portes. Cependant, le moral des troupes à bord est au beau fixe. Richard Palmer et Rupert Holmes vont s’évertuer à tout donner pour combler leur retard et boucler ces 1000 milles de course.
Pour la journée de demain, le flux de nord-est tant attendu devrait se renforcer et se stabiliser sur l’ensemble du parcours avec une force d’une petite quinzaine de nœuds. Des conditions idéales pour offrir aux concurrents de cette 15ème édition de longs bords que l’on surnomme « champagne sailing ». La suite de la bagarre en Manche et Mer Celtique s’annonce passionnante à suivre…
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