LE RAZ BLANCHARD EN JUGE DE PAIX

Les skippers de cette édition 2023 de la CIC Normandy Channel Race négocient actuellement la re-descente de la Manche. En réalité la situation s’apparente plus à une dernière ascension éprouvante vers Caen. Effectivement, les valeureux marins affrontent un flux de Nord-Est intense de 25 nœuds établis au près avec des rafales pouvant atteindre les 36 nœuds, le tout dans un mer formée difficilement maniable. Des conditions qui sollicitent équipages et bateaux, provoquant même quelques avaries à bord et quelques abandons. Avant la libération sur la ligne d’arrivée mouillée face à Ouistreham et un retour à terre bien mérité, ils ont choisi de contourner les îles anglo-normandes et d’emprunter le passage du Raz Blanchard, célèbre pour la puissance de ces courants.

Malgré des conditions difficiles, la course bat toujours son plein. Après le Cap Lizard deux options stratégiques se sont offertes aux duos, qui une fois de plus ont dû faire un choix radical entre partir au nord en longeant la côte de Cornouaille pour s’abriter du vent et du courant avant de repiquer au sud vers le Cotentin, ou opter pour une trajectoire sud plus directe mais plus téméraire en traversant directement la Manche et affronter le plus gros du coup de vent. Comme ce fut le cas précédemment, les deux pelotons ont fini par se recroiser avant les îles anglo-normandes. A l’heure du regroupement, Alla Grande Pirelli (181), Crédit Mutuel (158) et Legallais (190), trois partisans de l’option nord, trustent les trois premières places du classement. Mais attention, comme le précise Ambrogio Beccaria à la vacation du jour, rien n’est jamais joué d’avance sur cette course si singulière : « La course est loin d’être finie. Sur la CIC Normandy Channel Race, tu as beau penser que tout se passe bien, que tu maitrises le sujet, quand d’un seul coup tu peux perdre tout ce que tu prenais pour acquis. Alors on donne tout pour rester concentré et ne pas se faire surprendre. » Le duo italo-français accentue au fil des heures son avance et cumule désormais un léger matelas de 8 milles nautiques sur son poursuivant. Cependant, les éditions passées de la grande classique normande nous ont appris à rester prudent tant que la ligne d’arrivée n’est pas coupée.

Une dernière épreuve à négocier

Après avoir contourné les îles anglo-normandes, les marins ont choisi de s’attaquer à ce qui s’apparente comme étant le dernier passage à niveau du parcours : le Raz Blanchard et son courant de marée réputé comme l’un des plus puissant d’Europe. À chaque édition les skippers redoutent ce gros morceau sans savoir à quelle sauce ils vont être mangés. Le passer avec le courant favorable diminuerait grandement un possible retournement de situation. En revanche enrouler la péninsule du Cotentin avec le courant contre, où il faudrait alors choisir entre un contournement par le large ou une navigation en rase-cailloux, rabattrait les cartes avant le sprint final. On peut facilement imaginer que les Crédit Mutuel (158), Project Rescue Ocean (162), Legallais (190) ou autre IBSA (186) restent à l’affut de la moindre opportunité pour ravir le leadership à Alla Grande Pirelli (181). Au vu de la situation de course actuelle, un dénouement de cette 14ème édition est entrevu demain en début de matinée. Restez connectés car la victoire risque de se jouer dans les derniers milles …

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