UNE 12ÈME ÉDITION MARQUANTE

22 bateaux sur 23 partants ont coupé la ligne d’arrivée de cette 12ème CIC Normandy Channel Race. Si aux premiers abords cette donnée semble anecdotique, elle est en fait révélatrice d’une édition assez exceptionnelle sur plusieurs points. Outre un scénario aux multiples rebondissements et au suspens insoutenable devenu la marque de fabrique de cette course, la météo variée mais toujours aux allures portantes sur presque l’ensemble du parcours et le timing globalement favorable aux passages à niveau sont des faits qui sortent des standards de cette grande classique normande. Des conditions qui cumulées auront eu deux rares causes à effet : le parcours a été réalisé dans son intégralité, seulement la 2ème fois en 12 éditions et un nouveau record de l’épreuve en moins de 5 jours a été établi.

C’est dans des conditions toniques que le départ de cette édition 2021 a été donné, obligeant le comité de course à supprimer le parcours côtier initialement prévu devant l’embouchure de l’Orne et envoyer les 23 duos en lice enrouler une bouée de dégagement située à 2,5 milles nautiques de la ligne de départ mouillée en Baie de Seine avant de mettre le cap sur la première marque de parcours de Saint-Marcouf. À ce moment précis, personne ne pouvait imaginer que nous assistions à l’unique bord de près de cette édition. Mais très vite, on a compris que les skippers allaient atteindre des vitesses exceptionnelles et faire tomber les records un à un aux différentes marques de parcours. La traversée de la Manche a été avalée en quelques heures à peine. La flotte a foncé le long des côtes anglaises enchainant les passages à niveau dans le bon timing à l’image du Solent et de Land’s End. Les équipages ont continué leur progression très rapide en Mer Celtique pour atteindre Tuskar Rock en moins de 48h… 45 heures 22 minutes et 13 secondes exactement pour le premier à enrouler ce phare emblématique de l’épreuve Crédit Mutuel (158). Un chrono record ! Après avoir passé le fabuleux Fastnet, le retour en Manche est également allé très vite jusqu’aux anglo-normandes où le passage à niveau s’est refermé pour nous offrir un final torride.

Une fois de plus la CIC Normandy Channel Race a accouché d’un scénario incroyable avec une issue indécise jusqu’aux derniers milles de ce parcours théorique de 1000 milles nautiques. Si le vainqueur Project Rescue Ocean (162) coupe la ligne d’arrivée une heure avant son dauphin, ce n’est en réalité qu’une fois la pointe de Barfleur enroulée au petit matin du vendredi 4 juin qu’il a pu s’échapper de quelques milles après une nuit à batailler contre le courant du Raz Blanchard. Derrière, les quatre poursuivants se seront livrés un sprint final en mode match race à travers la Baie de Seine pour finalement couper la ligne avec 6 petites minutes d’écart entre le 2ème Lamotte Module Création (153) et le 5ème Banque du Léman (159). C’est Redman (161), 3ème, qui complète le podium. À tous les niveaux d’une flotte regroupée, les skippers ont dû faire preuve d’un engagement de tous les instants à l’image d’Avanade (98), Équipe Voile Parkinson (104) et Prisme (131) qui eux aussi passent la ligne d’arrivée dans un mouchoir de poche de seulement 20 minutes. Idem en queue de flotte entre Gustave Roussy (133) et Eärwen (88) qui sont séparés d’une minuscule minute seulement. Sur cette épreuve normande, rien ne sera jamais joué d’avance. C’est un fait dont les skippers ont consciences et c’est ce qu’ils viennent chercher chaque année.

À la conclusion, cette édition 2021 aura marqué les esprits. Un nouveau record a été établi sur le parcours complet de la CIC Normandy Channel Race. Axel Trehin et Frédéric Denis le détiennent en 4 jours 17 heures 49 minutes et 50 secondes. On peu facilement parier qu’il sera très difficile à aller chercher tant il aura fallu des accumulations de facteurs positifs (météorologiques, timing des passages à niveau,…) pour atteindre ce chrono. Effectivement, les conditions météorologiques exceptionnellement favorables auront permis d’établir un autre record : celui du très faible nombre d’abandon. Seulement un seul équipage aura renoncé d’aller au bout, fait inédit. La conséquence directe est que le village de course d’arrivée n’aura jamais été aussi beau et rempli de Class40 pour célébrer la remise des prix et couronner les vainqueurs et leurs dauphins.

Une épreuve qui a acquis ses lettres de noblesse

Ils sont unanimes à ce sujet, c’est une course exigeante dans la stratégie et intense dans le rythme. Les skippers placent la CIC Normandy Channel Race parmi les plus grandes épreuves de course au large françaises. Achille Nebout, 2ème sur Lamotte Module Création (153), ne tarissait pas d’éloges au sujet de l’épreuve normande à son arrivée à Ouistreham : « J’avais beaucoup entendu parler de cette course, tout le monde disait que c’était un truc de malade et c’est effectivement le cas, au même titre que la Solitaire du Figaro ». Idem pour Maxime Cauwe, skipper d’Avanade (98), qui qualifie la course d’intense avant d’ajouter « je pense que c’est la plus dure du championnat avec les transats ». Nils Boyer (Le Choix Funéraire – 139) quant à lui raconte « Toujours un superbe accueil au départ et à l’arrivée, c’est vraiment l’une des seules régate que je connaisse où c’est le cas comme ça ».

Ce bilan, la CIC Normandy Channel Race le doit avant tout à tous ces ingrédients qu’elle regroupe et qui font d’elle une épreuve si particulière dans le calendrier de la Class40. Un parcours unique, un niveau international, des scénarios sportifs incroyables, l’esprit Class40, … forment un savant mélange qui attire chaque année les spécialistes de la discipline en Manche et mer Celtique. Vivement 2022 !

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